Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/274

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de ce que je sais m’observer moi-même ; en effet, la physique spirituelle est depuis longtemps ma science de prédilection.

Le lieutenant qui n’avait rien à faire avec la physique spirituelle, ramena la conversation sur les sujets matériels.

L’héritier du majorat lui expliqua qu’il n’était point exigeant pour le service ; qu’il aimait avoir le moins de monde possible autour de lui ; qu’il se coiffait et se rasait lui-même, et qu’il avait congédié tous ses gens.

— La gouvernante d’ici est une brave fille, elle mérite bien l’auréole qu’elle porte sur les cheveux.

— Auréole ! murmura le cousin, c’est sans doute le morceau de drap blanc dont elle s’entoure la tête.

Puis il reprit tout haut :

— Si Dieu voulait en fabriquer une sainte, je crois qu’il ferait pas mal de copeaux !

Sans répondre à cette interruption, l’héritier du Majorat ajouta qu’il dormait habituellement le jour, et qu’il ne sortait du lit qu’après le coucher du soleil, heure à laquelle il se mettait à travailler.

— C’est de là que lui viennent toutes ces idées de fantômes, dit tout bas le cousin, il vit comme un hibou.