Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/290

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Malgré la finesse de son ouïe il ne put entendre la suite de leur conversation ; il courut après eux, mais ils avaient déjà disparu dans quelque maison. Cette fois encore il n’avait pu réussir à ce qu’il voulait ; mais il avait saisi un geste significatif qui le préoccupa jusqu’à la maison.

À peine s’était-il reposé quelques minutes qu’il entendit résonner un coup violent : il se dirigea vers la fenêtre ; personne ne semblait avoir rien entendu. Rassuré, il ouvrit doucement un des battants de la fenêtre, pour voir plus commodément encore que la nuit dernière ce qui se passait dans la chambre de la belle Esther.

Il s’y était fait de grands changements. Les fauteuils de satin blanc étaient débarrassés de leurs housses, et entouraient une jolie table à thé sur laquelle fumait une bouilloire d’argent. Esther versa quelques gouttes d’eau parfumée sur une pelle rouge et dit :

— Nanni, il est temps de me coiffer, les invités vont bientôt venir.

Puis elle répondit en changeant de voix :

— Gracieuse maîtresse tout est prêt.

Au moment où elle disait cela, une jolie femme de chambre parut devant Esther, et l’aida à peigner et à