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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/315

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sol ; auprès d’elle il y avait un pot où s’épanouissaient des fleurs de toutes sortes et un verre d’eau où elle avait sans doute puisé ses dernières forces pour la lutte suprême.

— Où êtes-vous maintenant, célestes êtres, s’écria-t-il en regardant le ciel, qui l’entouriez comme si vous aviez pressenti sa fin ? Où es-tu bel ange de la mort, image de ma mère ? Ainsi la foi n’est qu’une vague contemplation, une rêverie entre le sommeil et la veille, un nuage que la lumière vient dissiper cruellement. Où est cette âme ailée dont j’espérais m’approcher dans un milieu plus pur ? Et si on me l’enlève, à quel signe nous retrouverons-nous dans le monde supérieur ?

Les hommes sont devant sa maison qui parlent d’enterrement ; bientôt tout va être fini. Sa chambre devient de plus en plus sombre, et ses beaux traits disparaissent dans l’obscurité.

Tandis qu’il était en proie à ce terrible délire, la vieille Vasthi entra dans la chambre avec une lanterne sourde, ouvrit une armoire et en tira quelques bourses qu’elle cacha dans une grande poche de côté. Puis elle enleva le voile nuptial de la malheureuse, et prit avec un ruban la mesure de son corps, non plus pour lui faire une robe, mais pour lui choisir un cer-