Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/61

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— Raconte-nous cette histoire, dit à son tour Bella, la nuit est presque passée et nous ne pourrons partir aujourd’hui ; je veux rester encore demain pour prendre congé de tout ce qui m’est cher dans cette maison.

— Raconte, vieille, dit le petit, ou je te bats.

Braka commença donc.


HISTOIRE DE PEAU-D’OURS.


— Lorsque Sigismond, roi de Hongrie, fut vaincu par les Turcs, un lansquenet allemand abandonna le champ de bataille et s’enfuit dans la forêt. Cet homme n’ayant ni argent, ni maître, ni Dieu, était fort embarrassé du chemin qu’il devait prendre, lorsqu’apparut un génie qui lui dit que s’il voulait le servir, il lui donnerait assez d’argent pour devenir maître à son tour. Le lansquenet répondit qu’il serait très content, et il accepta. Mais avant de l’engager, le génie désirant savoir s’il était courageux, afin de ne pas donner son argent pour rien, le conduisit au réduit d’une ourse qui avait des petits, et au moment où elle sauta sur le lansquenet, il lui ordonna de lui tirer dans le nez. Le lansquenet obéit exactement, et lui envoya deux chevrotines qui l’étendirent raide. Après cet exploit, le génie lui dit :