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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/71

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petit, c’est toi qui es trop grand, et je ne sais pas trop ce qui vaut le mieux : un petit peut se glisser là où un grand ne peut pas même approcher. Enfin, veux-tu nous servir fidèlement ? Je te donnerai un ducat par semaine, jusqu’à ce que tu aies ainsi regagné tout ton trésor.

— J’accepte le traité, dit Peau d’ours, la nuit prochaine, je viendrai ici avec mon corps, si j’ai le temps de le rattraper ; auprès de moi est enterré le domestique d’un très riche seigneur, avec lequel je changerai d’habit, ce qui m’évitera de sortir mon beau pourpoint de soie. Le pauvre diable sera bien content de se voir si richement enterré, si toutefois il se réveille au dernier jour, car il ne bouge jamais et ronfle sans discontinuer.

— C’est bien, dit Cornélius, c’est bien ; ces femmes ne prennent pas grand plaisir à t’entendre, va te faire homme.

— Adieu, répondit Peau-d’Ours, c’est convenu ; mais ne pourrais-je avoir un ducat par avance ? j’ai engagé aux vers quelques petits objets que je voudrais bien retirer ?

— Voilà, dit le petit, en prenant une pièce dans le tas sur lequel s’était assise la vieille ; voilà ton ducat, si tu te conduis bien, je ne te le retiendrai pas sur tes gages.