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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/74

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et que tout se remet au travail ; mais elle connaissait aussi le crime du peuple dont elle faisait partie ; ce peuple qui n’avait pas voulu donner un abri à la sainte mère de Dieu lorsqu’elle se réfugia dans ce puissant royaume avec son Fils le Sauveur.

— Notre crime n’est pas encore expié, dit Bella en soupirant.

Elle leva les yeux, et vit la lune entourée d’un cercle d’une couleur si étrange, que son cœur battit avec violence et qu’elle se mit à prier et fut quelques minutes sans pouvoir prononcer une parole.

— Avec quel bonheur mon père bien-aimé se tournait vers cette colline pour y saisir le premier rayon du soleil levant : et demain je ne la reverrai plus ! Que me veulent donc tous ceux qui m’entourent ? Il faut que je m’en aille loin, aussi loin que mes pieds pourront me soutenir ; le monde n’appartient-il donc pas à tous ?

— Les sentiments après la liberté, lui dit tout bas la vieille qui s’était approchée ! Allons, Peau-d’Ours a déjà tout chargé, Cornélius est à cheval sur son dos ; n’as-tu rien encore à emporter ?

— Si fait, répondit Bella, il y a encore mes poupées et mon livre de magie.

— Ah ! ma chère enfant, dit la vieille, ce butor de