Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/76

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— Grand Dieu ! s’écria Bella, quels malheurs je pourrais occasionner, j’aime mieux m’enfuir, et me cacher loin du monde.

Braka la retint et lui dit :

— Tu veux t’enfuir, petite sotte ; si tu l’essayais seulement, je te fouetterais avec des orties ; tu es une bûche ; autant vaudrait parler d’amour à une oie, elle y comprendrait autant que toi ; et maintenant, arrive, nous n’avons plus de temps à perdre, une autre fois je t’en dirai plus long.

Elle poussa dans la maison Bella, qui, toute troublée de ce qu’elle venait d’entendre et de ce que la vieille lui promettait de lui dire encore, se consola bien vite de la perte de ses poupées et de son livre, et prit à peine attention à Peau-d’Ours qui, vêtu de sa livrée sombre et avec Cornélius sur son dos, ressemblait à un ours portant un singe comme on en voit dans les foires.

La vieille ouvrit la marche, Bella la suivit, Peau-d’Ours sortit le dernier et ferma la porte ; ils s’avançaient en silence ; de temps en temps la vieille murmurait en cherchant la route qui avait disparu sous la neige. Du côté de la montagne funèbre, ils crurent voir comme un grand mouvement ; mais ils ne s’en occupèrent pas, et ils aperçurent enfin dans un en-