Aller au contenu

Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

êtres de la maison, elle prit un grand pot plein de bière dans une armoire et se mit à boire pour les autres.

Pendant ce temps, Cornélius examinait tout ce qui se trouvait dans la chambre ; c’était un fouillis de vieux galons, de chiffons, d’ustensiles de cuisine, qu’il ne pouvait se rassasier d’admirer ; tout cela était nouveau pour lui, mais il savait bien vite deviner l’usage de chaque objet. La mère Nietken, qui était une revendeuse, et dont les relations étaient très étendues, réunissait dans son taudis les plus curieuses vieilleries en tout genre ; dans cette maison, rien n’avait été fait pour l’emploi qu’il remplissait. Elle avait fait un choix de tout ce qui pouvait lui convenir pour son usage, et il en était résulté l’ameublement le plus bizarre, mélange de la mode de chaque siècle et de chaque pays. Les chaises, par exemple, représentaient des nègres en bois, tenant au-dessus d’eux un parasol bariolé ; elles venaient du jardin d’un riche marchand de Gand, qui avait fait de grandes affaires en Afrique. Au milieu de la chambre était suspendue une couronne de cuivre qui avait autrefois orné la synagogue juive, et dans laquelle brûlait maintenant un cierge en l’honneur de la Sainte-Vierge. L’autel était formé par une table de jeu réformée, toute dé-