Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/86

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montait aussitôt. La chose se répétait souvent dix fois dans une heure, et un autre homme n’aurait pas pu supporter ces secousses. Il était plus heureux dans ses autres travaux. Il surpassait souvent en éloquence son maître de rhétorique et le mettait en fureur par ses plaisanteries. Il pouvait parler à chacun dans sa langue, car il les savait toutes, sans en employer une de préférence à l’autre. Grâce à ses yeux scrutateurs qui lui permettaient de pénétrer dans la pensée, il connaissait une foule de gens qui le protégeaient, et étaient au mieux avec lui. Toutes les nouvelles, tous les bruits de la ville lui arrivaient tout frais ; il les amplifiait, les entremêlait de nouveaux incidents, et, ainsi arrangés, les remettait en circulation. Il fit tant, qu’on parla de lui à l’archiduc. L’archiduc venait de recevoir la nouvelle qu’à cause d’une lettre où il avait omis d’énumérer tous ses titres, son grand-père Ferdinand l’avait déshérité. Et il rentrait chez lui, furieux de n’avoir tué à la chasse qu’une chevrette pleine qu’il avait prise pour un chevreuil. Le petit Cornélius avait trouvé du rapport entre ces deux aventures, et dit à un page que l’archiduc n’attrapait pas mieux les chevreuils que l’héritage de son grand-père.

On rapporta ces paroles à l’archiduc, et comme il