Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jeunes gens sont amoureux, Caïus est un jeune homme, donc Caïus est amoureux.

Sans qu’Adrien s’en doutât, Caïus, c’était l’archiduc en ce moment. Charles était si amoureux de la belle inconnue qu’il allait voir, que ce voyage lui semblait la traversée du Styx au delà duquel il trouverait une autre vie où tout serait plus beau, plus admirable, plus adorable que dans celle qu’il avait menée jusqu’à présent.

Adrien pensait au livre de Pierre Lombard, que Cenrio lui avait dit avoir vu chez une voleuse ; Cenrio réfléchissait à la faveur dont il jouirait lorsque l’archiduc hériterait du trône.

Ils arrivèrent enfin à la maison de la Nietken, et, bien que Cenrio l’eût avertie, elle parut ne pas les reconnaître, et dit qu’elle avait loué sa maison à deux familles de Gand. Adrien, sans s’occuper de tout cela, lui demanda si on ne pouvait pas aller dans sa bibliothèque. La vieille se mit à rire, et lui répondit qu’en fait de bibliothèque elle n’avait qu’un grenier où l’on pouvait à peine se tenir debout, et où il y avait peut-être deux ou trois morceaux de lard mangés des vers. Malgré tout ce qu’elle disait, Adrien ne la laissa pas qu’elle ne les y eût conduits. Alors il lui dit que sa maison avait aujourd’hui l’honneur de rece-