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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/99

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avec eux ; et comme ils lui offrirent de prendre avec eux un verre de vin à l’auberge voisine, il envoya le fidèle Peau-d’Ours annoncer à ses femmes qu’il était inutile d’attendre l’archiduc, et que lui-même était retenu par de graves affaires auprès de plusieurs seigneurs.

Le temps passa vite pour le petit, car, outre les flatteries de ses nouveaux amis et le vin qu’ils lui versaient, il était étourdi par l’ivresse de cette foule qui, venue avec l’intention de s’amuser pendant ces trois jours, ne voulait pas interrompre un moment cette occupation. C’était dans cette auberge un entassement énorme de pains, de viandes, de gâteaux, apportés par les convives ou préparés par l’hôtelier ; ils mangeaient comme l’on mange lorsqu’on se décarême, et plus d’un se serait étouffé s’ils n’avaient pris soin de s’humecter fréquemment de vin et de bière pour ramener les aliments à leur place.

Les Hollandais, dont le pays était alors puissamment riche par le commerce et le transit de toutes les marchandises du monde, savaient se procurer des vivres à très bas prix. C’était une bagatelle pour un riche citoyen de nourrir et d’entretenir des milliers de malheureux, de sorte que dans les villes il n’y avait pas de misère, excepté quelques gueux qui préfé-