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GEORGES AURIOL

passants, notant impitoyablement leurs tics, leurs ridicules, leurs manies. Oui, ton ironie est douce, légère, rieuse, mélancolique parfois, comme celle d’un vieil enfant qui s’amuse au spectacle divers du monde. Elle n’en est que plus aiguë, elle n’épargne même pas ce dieu redouté, le lecteur.

« Le pauvre ! Comment ! le rouge ne te vient pas au front, ou aux joues, de lui conter des histoires si minces, si insignifiantes ! C’est comme une gageure : un petit sujet de rien du tout, si petit, si petit, qu’à peine on l’aperçoit. Mais tu monologues, tu soliloques, tu dialogues à toi seul, tu t’interroges, tu te réponds, tu menaces, tu piques des points dans les nuages bleus des pays sentimentaux et lyriques. Tu gambades, tu gambilles, tu gesticules, tu gigues, tu te disloques, tu te désosses en étourdissements, en affolements. Ah ! tu es le Foottit de l’amour, mais tu ne l’es pas sans motif : ta courte histoire, si courte, si courte, se glisse ainsi, et passe sans qu’il ait le temps de railler sa petite taille ridicule. Et le lecteur est volé, sans même le deviner. Et toi, beau