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TRISTAN BERNARD

classiques vous ont légué toutes leurs qualités, ce goût, cette mesure, cette simplicité qui rendent leurs œuvres impérissables. Vous ne vous attardez pas à d’imprévues et longues descriptions, à de sanglotantes élégies, à de dramatiques invocations. Vous allez droit votre chemin, dégageant de la vie, sans procédés, par la seule observation, l’irrésistible grotesque qu’elle renferme, et comme vous savez dans la foule des détails choisir ceux-là seuls qui conviennent, et dire ce qu’il faut dire, vous possédez le secret d’éviter toute longueur et de ne jamais ennuyer.

M. Bernard tripotait encore sa barbe par contenance. Il ouvrit la bouche, comme s’il voulait parler, mais M. Dickens le devança.

— Oui… vous avez écrit un chef-d’œuvre. Parmi tant de sujets qui s’offraient à vous, vous avez pris le plus simple, le plus banal, l’histoire d’un jeune homme qui aime une jeune fille et l’épouse, et de ce sujet si commun, si rabattu, vous avez tiré une merveille d’observation. Un autre eût imaginé des complications sentimentales, quelque drame dé-