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HUMOUR ET HUMORISTES

mes jours paresseux s’écoulaient. Je ne me rappelle pas sans émotion les heures exquises où, tantôt caché derrière mes livres, tantôt accroupi en des lieux retirés pour des besoins intimes, je savourais les hebdomadaires fantaisies du grand écrivain. Jusqu’entre les lignes de mes grammaires surgissaient, — ah ! combien troublantes — des femmes aux seins opulents, aux fesses immenses, et si grasses, si grasses… Encore éveillé dans mon petit lit, j’entendais parler ses héros, le commandant Laripète, l’amiral Lequelpudubec ; le prestigieux Cadet-Bitard, surtout, ce vigoureux retrousseur de robes, agitait mes sommeils : j’enviais sa robustesse et ses innombrables bonnes fortunes, et je rêvais de l’égaler. Je dois à M. Silvestre les premières scories de mon âme et mes premiers boutons. Bientôt, au cours de mes vénales aventures d’amour, je connus que les couturières, comme les professionnelles prêtresses de Vénus, ressentaient pour lui une vive admiration. Il n’est pas une chambre d’hôtel garni où mon regard ne soit tombé sur les numéros de la Gaudriole qui reprodui-