lettrés avaient devant lui blâmé Tristan Bernard, A. Allais, entre autres, d’imiter les Américains et les Anglais, et de les imiter très mal.
Il n’est aucune erreur qui me fâche davantage.
« Quelle imbécillité, fis-je avec dépit. Je sais qu’ils ont lu et qu’ils goûtent Swift, Dickens, Twain, Bret-Harte et quelques autres, et j’admets qu’ils retirent de cette lecture une science plus complète des divers procédés de la raillerie et une ironie pince-sans-rire plus aiguë. Et après ? ils ne font que greffer sur les dons qu’ils tiennent de leur race quelques boutures étrangères dont l’originalité bientôt se perd. Ils lisent et ils goûtent bien plus encore Montaigne, Rabelais, Voltaire. M. John Bull ni l’oncle Sam ne créèrent l’humour. Nous le connaissions avant eux : les humoristes n’ont jamais manqué chez nous, mais ils restaient isolés. Dans ces dernières années seulement, tout un groupe d’hommes s’est trouvé dont les seules occupations furent d’observer avec exactitude les êtres et les choses, et de