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GEORGES COURTELINE

brunes, rousses, acajou, qui trompent leurs maris ou leurs amants, emplissaient les tribunes, avec des froufrous de robes, des grâces d’éventails, des chuchotements de lèvres, des rires à peine réprimés, et tous les maris, tous les amants trompés étalaient aussi aux tribunes la rondeur de leurs ventres, ou dissimulaient la maigreur de leurs anatomies…

M. Courteline parla : il dit sa joie et son humilité, il dit aussi la gloire de son prédécesseur, M. Coppée, et répandit sur les humbles les fleurs de son éloquence, et quand il eut fini, il s’assit humblement, au milieu des applaudissements.

Alors, le vicomte E. Melchior de Voguë se leva. Les rires s’étouffèrent, il y eut encore quelques secondes un bruissement de paroles, puis elles devinrent des murmures, puis elles s’évanouirent. Un silence curieux sembla descendre du plafond, sortir des murailles, des tribunes, des portraits et semer partout une ombre douce et veloutée. Et beau avec mélancolie, M. le vicomte E. Melchior de Voguë parla, pour ses ancêtres d’abord et pour lui,