Page:Acker - Humour et humoristes, 1899.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
GEORGES COURTELINE

bus automatiques distributeurs de places à l’intérieur et sur l’impériale, ces employés des postes et des télégraphes, qu’un grillage de fer protège contre la férocité du public. Mais voyez comme M. Coppée a chanté les petites gens qu’il découvrait. Il les aimait et les plaignait, il avait, pour chacun d’eux, une larme toute prête, un vers tout rythmé. Il eût compris que l’employé des postes exigeât de lui, bien qu’il le connût, les pièces d’identité nécessaires pour toucher un mandat. Il n’eut pas tendu, par vengeance, au contrôleur d’omnibus, qui refusait d’accepter une correspondance cassée, un billet de mille, pour payer sa place, en demandant la monnaie. Il eût écrit sur le rond de cuir des vers d’une exquise douceur. M. Coppée en effet respectait tout ce qui forme un corps dans l’État et représente une force inébranlable. Il payait son terme avec régularité, n’empruntait à personne, évitait toute colère contre sa concierge. Il savait aussi que les administrations sont des rouages indispensables à un pays et que des administrations intelligentes ne peuvent exister.