fossés comblés, ne gardant de ses remparts que deux belles portes, inutile, elle meurt. Ses cafés, où s’agitaient les « demi-soldes », sont déserts ; déserte la grande place où se chauffaient, par les jours de soleil, autour de la statue de Lobau, les survivants de l’épopée ; désertes les rues où résonnait le pas leste des jeunes officiers français. Si jamais la guerre éclatait, Phalsbourg n’entendrait que dans le lointain la voix brutale du canon qui lui fut si longtemps familière, et qu’elle aimait.
Les touristes ne s’y arrêtent pas ; ils ne font que la traverser. Pourtant il peut arriver que certains, moins pressés, demandent s’il y a « des curiosités ». Quelque passant bénévole montre alors une vaste maison dont une épicerie occupe le rez-de-chaussée et, tout près, une maison à perron couverte de feuillage :
— Voici, dit-il en désignant la première, la maison où M. Erckmann est né…
Puis désignant la seconde :
— … Et celle qu’il a habitée.