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LA QUESTION D’ALSACE

et elle ne la donne pas. Tandis que l’école, le régiment, les relations d’affaires contraignent les Alsaciens à la culture officielle, ils s’efforcent de trouver par eux-mêmes le contre-poids nécessaire pour rétablir l’équilibre, et ce contre-poids ils le trouvent dans la culture française. Ils veulent rester tels qu’ils sont ; ils veulent qu’on ne s’oppose pas au libre développement de leur génie national ; ils veulent, étant par la force des traités citoyens allemands, demander toujours à l’intelligence française de féconder la leur. « M. Spiesser, pasteur d’un village de la Basse-Alsace et pangermaniste fougueux, a conquis, écrit M. Laugel, une triste célébrité en proclamant qu’on plaisantait, si l’on prétendait que l’usage du français était avantageux aux Alsaciens. Non, monsieur le pasteur, cette tendance naturelle qui entraîne les Alsaciens vers la culture française ne résulte pas d’une superstition : elle exprime, au contraire, leur conviction instinctive de n’être plus que des demi-Alsaciens le jour où la