Page:Acker - Petites Confessions, sér1, éd3.djvu/53

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M. Denys Cochin secoua la tête :

— Aucun ! fit-il. Je me suis toujours efforcé d’être courtois et aimable envers mes adversaires, et j’ai gardé l’habitude d’appeler mes électeurs messieurs, et non citoyens. Même, pendant longtemps, je n’ai pu admettre qu’on en voulût à ses adversaires de penser autrement… Il est si naturel que nous n’ayons pas tous les mêmes opinions ! Aujourd’hui, j’ai un peu changé ; nos adversaires sont si violents, si intransigeants, et d’une telle mauvaise foi, que je commence à les détester.

— Alors, vous détestez les parlementaires, et par suite le parlementarisme ?

Conclusion trop rapide ! M. Denys Cochin s’est tourné brusquement vers moi, et son sourire dit sa stupéfaction de m’entendre lui attribuer un tel sentiment.

— Moi, fait-il, moi ! Mais je suis un entêté parlementaire ! Non pas que j’aime le parlementarisme actuel. J’en connais tous les défauts ; mais je déteste encore plus le césarisme, et le césarisnie, d’ailleurs, ne le subissons-nous pas aujourd’hui ? Naguère des amis me disaient : « Il nous faut un sabre, une trique ! — Attendez ! leur ai-je répondu ; vous l’aurez le sabre, vous l’aurez la trique… seulement, c’est vous qui serez sabrés et triqués. » N’avais-je pas raison ? N’est-ce pas M. Combes qui tient la trique ? et n’est-ce pas lui qui joue César ? Oh! je sais, je sais ; il faudrait fortifier le pouvoir central. Par quels moyens ? J’avoue que je n’y ai