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Page:Ackermann - Pensées d’une solitaire, 1903.djvu/21

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VIII
MADAME LOUISE ACKERMANN

Espérant pour son mari de l’air natal, elle le ramène à Montbéliard. Il y meurt en 1846 :

« Nous mourons presque tous de mort violente ; car comment nommer autrement cette rupture douloureuse des liens de la vie ?…[1] »

Cette pensée, ainsi que les plus saillantes des poésies de Mme Ackermann, est marquée de son déchirement, et ce déchirement n’est-il pas la grandeur et la force de son inspiration ?

Fuyant les pays où elle avait été heureuse, elle vint se fixer à Nice, attirée par une sœur de beaucoup sa cadette et très aimée :

… qu’à jamais le vent bien loin des bords m’emporte
Où j’ai, dans d’autres temps, suivi des pas chéris,
Et qu’aujourd’hui déjà ma félicité morte
              Jonche de ses débris !
. . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . .
Comment pourrais-je encor, désolée et pieuse,
Par les mêmes sentiers traîner ce cœur meurtri,
Seule où nous étions deux, triste où j’étais joyeuse,
              Pleurante où j’ai souri[2] ?

  1. Pensées d’une Solitaire.
  2. In Memoriam.