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D’UNE SOLITAIRE

Je sens se relâcher en moi tous les ressorts de l’amour-propre, ceux même qui entretenaient encore quelque peu mon activité littéraire. Comme un vaisseau qui se serait trop approché de sables funestes, je m’enfonce et vais bientôt rester ensevelie dans l’indifférence absolue.

Nous sommes ingrats envers les penseurs et les artistes qui nous ont précédés. Que serions-nous sans eux ? Ils ont été les anneaux qui nous relient à la chaîne infinie. Comme dans un cerveau individuel une idée en amène une autre, leur œuvre a suscité la nôtre. Nous ne commençons ni n’achevons rien. Il faudrait remonter bien haut dans la pensée