Page:Acremant - Ces Dames aux chapeaux vert, 1922.djvu/167

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CHAPITRE XI


En regardant toutes les statues de la cathédrale, pendant le salut, Arlette s’imagine que celles-ci se penchent les unes vers les autres et se confient le grand secret : Marie Davernis va à son premier rendez-vous d’amour ! Elle ne s’en doute pas encore, mais, dans l’ombre extérieure de l’église, M. Ulysse Hyacinthe doit l’attendre déjà.

Sous le prétexte d’aller chez la blanchisseuse chercher un col blanc, qu’on a oublié de lui rapporter, Arlette se débarrasse facilement de Telcide, de Rosalie et de Jeanne à la sortie de l’office. Elle entraîne Marie.

Cette course faite, elles repassent devant la cathédrale pour rentrer chez elles. Marie, qui a une cervelle d’oiseau, jacasse en s’amusant des pancartes qu’elle a lues dans l’étalage de la blanchisseuse : « On demande des ouvrières en chemises. On demande des ouvrières en jupons. » Mais Arlette est plus émue, car elle songe que si le professeur se trouve d’un côté, de l’autre il y Jacques de Fleurville.

— Oh un homme ! s’écrie subitement Marie.

M. Hycinthe qui fait les cent pas, la tête dans les épaules et les mains derrière le dos, vient d’apparaître :

— N’ayez pas peur, murmure Arlette. C’est M. Ulysse !

— Que fait-il ici ?

— Il désire vous parler. Il m’en a informé hier pendant la procession.

— Il ?…

— Oui, ma cousine… approchez… ne craignez rien… Il n’est pas méchant…