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Page:Acremant - Ces Dames aux chapeaux vert, 1922.djvu/198

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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS


CHAPITRE II

La chaleur est accablante. Rosalie, qui répugne aux promenades extra muros, est demeurée à la maison. Telcide, Jeanne et Marie ont des robes d’alpaga noir et des mantelets. M. Hyacinthe a pris une grande ombrelle, grise par-dessus, verte en dedans. Arlette constate que le soleil donne à son visage des tonalités étranges, presque blanches au front et sur les tempes, presque cramoisies sur les joues. A l’octroi, où les employés sont affalés sur des chaises trouées, dont la paille pend, Jeanne demande : — Est-ce que c’est encore loin, monsieur Ulysse ? — Deux cents mètres... Allons, du courage, ma bonne demoiselle, du courage !... Marie est ennuyée. Elle a mis un soupçon de poudre. Pourvu que la transpiration n’en fasse pas un mélange horrible ! — Je suis persuadée, s’écrie-t-elle, que votre jardin est un paradis avec des aubépines, des roses, des géraniums, des marguerites géantes. — Je ne vous réponds pas. Je veux que vous ayez la surprise... — Quelle chaleur ! soupire Telcide. C’est certainement aujourd’hui le jour le plus chaud de l’année ! Elle s’évente avec son mouchoir, cependant que M. Ulysse entre en lutte avec un essaim de mouches, qui vraisemblablement, du plus haut du ciel, a vu briller son nez comme un phare : — Enfin nous y sommes ! déclare-t-il soudain, devant une haie vulgaire et mal taillée. Voici mon domaine... Ah ! les sales mouches ! — Faites quelques pas. Levez les yeux. Qu’apercevez-vous ?