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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

Étant revenus auprès de la cabane, ils changent de conversation ;

— Combien récoltez-vous de salades chaque année ?

— Environ trois douzaines !...

Une heure plus tard, Telcide, Jeanne, Marie, Arlette et M. Hyacinthe regagnent leur bonne ville. Ils sont enchantés de ce qu’ils appellent leur excursion. M. Hyacinthe marche auprès de Marie. Ils se parlent bas. Est-ce l’effet du grand air ? est-ce la conséquence des petites galettes chaudes ? Le soleil est descendu derrière les arbres. Ses derniers éclats sont autant d’étincelles aux fils du télégraphe. La chaleur est tombée. La tiédeur du soir se répand comme une onde. Ulysse et Marie commencent à se dire des choses tendres.

Amour ! amour souverain ! chaque fois qu’on a voulu te glorifier, on a représenté, montant deux par deux vers tes autels, les êtres les plus beaux de la création. Les poètes et les peintres sont des fous ! Ton triomphe serait piètre s’il n’était autre. Que les jeunes gens, parés de toutes les grâces, se rejoignent et s’unissent, quoi de plus simple ? Mais que les déshérités, dépourvus de charme et d’esprit, s’aiment assez pour s’attribuer toutes les qualités, voilà ce qui constitue ta victoire éternelle. Amour, tu ne seras honoré que le jour où l’artiste représentera devant tes reposoirs deux créatures médiocres, qui, par ta magie, se parent réciproquement de toutes les beautés et qui, parce qu’elles s’adorent, se trouvent les plus admirables du monde. Amour ! Amour !