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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

s’efforcent de lui donner une physionomie imposante. Vainement ! Lui aussi a des bottines neuves, qui craquent. A sa boutonnière un large ruban indique qu’il est décoré.

— De quel ordre ?

— Du plus beau !... de l’ordre de la Mutualité, répond M. Ulysse à sa fiancée, qui l’interroge à voix basse.

Devant Telcide, M. Eugène Duthoit s’incline longuement :

— Mademoiselle, je sais en quelle profonde et respectueuse estime vous tient mon oncle. Je connais l’honorabilité de la famille Davernis. Il n’est pas en ville de meilleure réputation que la sienne. Nous autres du corps enseignant, sommes plus sensibles que quiconque à la conservation des qualités ataviques, qui ont fait la grandeur de la France... N’est-ce pas, mon oncle ?

— Oui, Eugène, nous autres du corps enseignant !... Devant Jeanne, M. Duthoit est moins cérémonieux. Comme elle lui demande si son voyage s’est bien passé, il explique :

— J’ai pris le train de 5 h. 24. Je suis arrivé à Hazebrouck à 7 h. 33. J’en suis reparti à 7 h. 47, après avoir changé de train et je suis arrivé à 8 h. 32. J’aurais pu ne prendre que le train de 6 h. 12, mais j’aurais dû changer une première fois à Arras à 7 h. 45. Je serais parvenu à Hazebrouck à 9 h. 30 où j’aurais changé une seconde fois. Et j’aurais été ici à 10 h. 34. Comme je suis un homme qui prise peu les changements, j’ai préféré la première combinaison... Jusqu’ici Eugène Duthoit n’a prêté aucune attention à Arlette. Il était trop soucieux de bien réciter ses boniments patiemment appris ! Son oncle lui ayant dit un mot à l’oreille, il a un sursaut :

— Ah ! oui... la jeune fille !

Il se précipite. Arlette n’est sauvée d’un discours que par l’arrivée de M. le Grand Doyen...

— Monsieur le Grand Doyen est servi, annonce presque aussitôt Ernestine.

M. Hyacinthe croit devoir, par politesse, présenter son bras à Telcide, mais celle-ci se récrie :