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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

Chapitre IV

Le Benedicite achevé, dans un bruit de satin qui se froisse et de jupons blancs empesés qui se brisent, ces demoiselles se sont assises, M. le Grand Doyen préside en face de Telcide. Marie est à la gauche de M. Hyacinthe et M. Duthoit est à la droite d’Arlette :

— Oh ! que ces fleurs sont artistement éparpillés !... M. le Grand Doyen est le premier qui remarque le chemin de table précieux. Il n’a pas besoin qu’on lui en désigne l’auteur. Il l’a reconnue aussitôt et lui adresse, en approbation, un signe de tête amical. Mais l’occasion est trop belle de vanter Arlette pour que Telcide n’en profite pas :

— Notre petite cousine est d’une ingéniosité rare. Avec rien, elle fait quelque chose... Ce disant elle regarde Eugène.

— Ainsi, tenez... cette robe délicieuse de soie, qui lui va si bien, c’est elle-même qui l’a « fripée ». Elle « chiffonne » les étoffes avec des doigs de fée. C’est infiniment précieux dans un ménage. Les couturières sont devenues hors de prix. Vous ignorez cela, monsieur le Grand Doyen, vous avez bien de la chance. Mais une femme qui sait se suffire à elle-même vaut son pesant d’or...

M. Duthoit a-t-il compris ? Mystère. Il est aux prises avec son potage tapioca et ne lèvera le nez de son assiette que lorsque celle-ci sera vide...

— Monsieur le Grand Doyen, minaude alors Telcide, pour que vous puissiez régler votre appétit, je veux vous indiquer notre menu. Il est très modeste...

— Je suis persuadé du contraire...

— J’ai une tête de veau...