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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

— Et vous avez trouvé Eugène ? — Oui, j’ai trouvé Eugène. — C’est un joli cadeau à faire à une enfant. — N’est-ce pas ! Il est beau garçon, il est instruit, il a un avenir superbe. — Oui. C’est dommage que... — Que... quoi ? — Que ce soit un daim !... — Un daim ? Eugène !... S’approchant de lui, pour que pas un seul de ses mots ne lui échappe, le retenant même par un des boutons de sa redingote, elle ajoute ; — Vous avez préparé secrètement la chose avec Telcide. Je vous préviens que j’empêcherai votre mariage avec ma cousine Marie, si dans une heure votre projet, me concernant, n’est pas fini, archi-fini. — Vous ne ferez pas cela ?... — Si... Je le ferai... Arrangez-vous en conséquence... — Oh ! comment ? — Je vous défends d’ailleurs de dire à Telcide que telle est ma volonté. Elle me gronderait encore. C’est absolument inutile... Il vous est très facile de lui glisser dans la conversation que, réflexion faite, vous estimez que je ne suis pas la femme rêvée pour votre neveu... — Vous le désirez... vraiment ? — Non seulement je le désire, mais je l’exige... — Eugène n’est tout de même pas un daim... — Mettons que ce soit un dindonneau et n’en parlons plus... Allons ! voyons ! un bon mouvement ! Promettez à votre petite amie que vous lui obéirez. Si vous refusiez elle aurait un si gros chagrin !... Est-il apitoyé par le ton suppliant de la jeune fille ? Comprend-il brusquement combien son projet était ridicule ? Il ne discute pas davantage. Avant une heure, Arlette aura satisfaction. Juste au moment où il rejoint son neveu, celui-ci lance une des allusions discrètes qu’il a annoncées : — Ah ! mademoiselle Rosalie, le jour n’est peut-être pas lointain où je vous appellerai ; « ma cousine ».