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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

— Vous ne pouvez pas la forcer...

— C’est ce que nous verrons !... M. Duthoit est un mari très présentable, je le prends...

— Mademoiselle Telcide, je vous en supplie...

— Ah ! ça, mais... cher monsieur, est-que votre insistance n’aurait pas une autre cause ?... Vous paraissez prendre la défense de la jeune fille... Mais au fond ne serait-ce pas celle de votre neveu que vous prendriez ? ... Ce serait assez ingénieux... Oui, oui, c’est cela ! J’ai deviné. M. Duthoit n’a pas osé me dire la vérité lui-même. Il vous a chargé de cette jolie commission. Arlette ne lui plaît pas. Il rêve sans doute d’une princesse, ce poétaillon de carnaval. Parce qu il écrit des vers de mirliton, il se croit du génie. Allons donc ! c’est un pédant et un pion !

— Oh !

M Hyacinthe veut bien que son neveu n’épouse pas Arlette, mais il se refuse à permettre que son cher Eugène soit outragé ainsi. Il oublie soudain ce qu’il en a dit lui-même. Avec une noble indignation, il entend défendre l’honneur de sa famille :

— Mademoiselle Telcide, je vous en conjure... Chassez de votre esprit cette opinion mauvaise... Eugène ne m’a chargé d'aucune commission... Il m’a au contraire avoué qu’il emportera de Mlle Arlette un souvenir délicieux... C’est moi seul, qui ai pensé...

— Taratata !... Monsieur Hyacinthe, je joue avec vous cartes sur table... Du moment qu’il n’y a pas d’objection de la part de M. Duthoit, l’affaire est réglée...

— Je vous assure...

— N’ergotez pas. Ma décision est irrévocable. Si Arlette n’épouse pas votre neveu, je vous empêcherai d’épouser Marie... A bon entendeur, salut !...

— Ma bonne demoiselle, pitié !... Vous ne ferez pas cela ?...

— Si... Je le ferai...

Devant les deux volontés inflexibles d’Arlette et de Telcide, qui lui commandent des choses contradictoires, M. Hyacinthe croit devenir fou. Tiraillé d’un côté, menacé de l’autre, il sent le sol se dérober sous ses pas. Sa pensée chavire. Les yeux hagards, il pro¬