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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

tion. Dans le silence, tinte le lourd tic tac du balancier de l’horloge dans la salle à manger. Où va-t-elle ? Elle n’en sait rien. Comme une somnambule, elle se dirige avec une précision rare. Son hallucination persiste. Les midinettes l’appellent. Elle va vers leurs rires. Dans le couloir elle prend bien soin de traîner ses pieds sur les dalles pour qu’aucun bruit ne la trahisse. De quel excès Telcide ne serait-elle pas capable si elle la surprenait ainsi ? Elle n’est plus séparée de la liberté que par la porte, dont elle tire les verrous, dont elle détache la chaîne et dont elle tourne la clef... — Enfin ! Voici la rue... Arlette, inconsciemment, tend ses bras vers la lumière bleu foncé, qui coule du ciel. Ce n’est plus un éventail d’argent que la lune projette, c’est une nappe qu’elle répand. L’émotion est-elle trop forte ? Le ressort qui l’animait se brise-t-il tout d’un coup ? Elle ouvre la bouche pour crier... Aucun son ne sort de sa gorge... Elle s’abat sur le sol, inanimée...