dans laquelle il vit depuis trois jours le tue. Épousera-t-il ? N’épousera-t-il pas ?
Ses réflexions sont mornes et lamentables :
— Je vivais tranquille... Professeur modeste, je n’aurais jamais dû sortir de mon obscurité... Démon tentateur, cette jeune fille m’a présenté la pomme d’Ève... Pourquoi ne me suis-je pas souvenu que les vers de terre ont toujours tort d’être amoureux des étoiles ?... Allons ! mon vieil Ulysse, oublie tout... Comme Achille retire-toi sous ta tente... Rentre chez toi et en toi-même... Reprends tes livres... Si tu vas plus avant, tu perds toute espérance... Comment ? Comment ? tu avances quand même... Quelle force te pousse ?... Tu n’es donc qu’une vieille bête... Il est dans cet état d’esprit quand il sonne à la porte de ces vieilles demoiselles.
Quel accueil va-t-il recevoir ? C’est sa première visite depuis les événements considérables qui pèsent sur son front comme une épée de Damoclès :
— Mlle Marie est-elle là ? demande-t-il en tremblant, à Ernestine.
— Non.
— Ah ! soupire-t-il en imaginant aussitôt qu’on lui a enlevé sa fiancée et que peut-être elle est dans une tour "mystérieuse, cloîtrée...
— Mais elle va quasiment revenir... Il entre donc, mais il a les plus noirs pressentiments. La bonne qui s’en aperçoit, lui offre des consolations...
— Vous avez l’air de souffrir ?
— Oui... Je souffre horriblement...
— Ça doit être de l’estomac. Voulez-vous prendre un verre d’eau sucrée, avec de la fleur d’oranger ?
— Non. C’est dans le cœur...
Mélancoliquement, il commence le récit de ses peines. Ernestine s’y intéresse. Elle a toujours aimé la lecture des feuilletons. Malheureusement la suite en sera remise pour elle au prochain numéro. Telcide et Marie rentrent :
— Hélas ! trois fois hélas ! leur dit le professeur. Ne craignez pas de m’avouer la vérité. Je serai fort.
— Quelle vérité ?