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CHAPITRE III


Un éteignoir… deux éteignoirs… trois éteignoirs…

Par une porte basse, ouverte dans un des côtés de la cathédrale, trois ombres, en forme d’éteignoirs, sortent. Ce sont Telcide, Rosalie et Jeanne Davernis, qui, vêtues de leurs houppelandes, modèle cloche, sont coiffées de capotes à brides.

Il est six heures et demie du matin. La première messe est finie. Le temps est gris. La journée sera mauvaise. Une brume agaçante flotte dans l’air qu’elle rend trouble, s’accroche aux pierres qu’elle noircit et se colle aux pavés, qui deviennent gluants.

Dans cette atmosphère, tout ce qui est bas est amoindri et tout ce qui se dresse prend des formes gigantesques et menaçantes. Les pauvres arbres semblent rabougris. La cathédrale paraît formidable. Le sommet de ses tours se perd dans le brouillard.

Comme Rodenbach eût aimé vivre dans cet enclos !

Pas un bruit… Seul, au loin, un coq chante, par habitude évidemment, car le soleil a plutôt oublié de se lever…

Par la même porte basse, un quatrième éteignoir glisse. Il a à peine rejoint les trois autres qu’on entend la voix grinçante de Telcide :

— C’est une injure qu’on a voulu nous faire… Je vous prends à témoin, mademoiselle Clémentine Chotard…

La nouvelle venue, qui est aussi une vieille demoiselle, ne se fait nullement prier pour en convenir :

— Certes ! c’est une injure… Des personnes d’un âge aussi respectable que le nôtre ont droit à plus de respect…