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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS


31 août.

M. Hyacinthe ne va pas au collège, puisqu’il est en vacances et cependant, chaque matin, je le rencontre au même endroit, à la même heure…


4 septembre.

Maman est allée cet après-midi porter à Mme Hyacinthe le dessin d’ornement d’église. Elle avait jugé bon, pour la circonstance, de mettre sa plus belle robe.

Elle n’a pas voulu que nous l’accompagnions. Quand elle est rentrée, comme par hasard, je me trouvais dans le couloir, elle m’a tapoté sur la joue… Elle n’avait pas fait cela depuis cinq ans !


6 septembre.

J’aurai un mari, j’aurai des enfants.

Je peux l’avouer maintenant. Je commençais à désespérer de me marier.

J’aime M. Ulysse Hyacinthe…


10 septembre.

À certains moment, je me demande si je ne suis pas folle… Voyons, voyons, que s’est-il passé ?… Ai-je fait un rêve ?… Mais non… j’ai des certitudes…

Il n’est pas faux que M. Hyacinthe ait ramassé mon gant, qu’il m’ait abrité sous son parapluie et qu’il m’ait raconté sa vie.

Il n’est pas faux que sa mère soit venue chez nous sous un prétexte qui n’a pu tromper personne.

Il n’est pas faux que maman m’a donné une tape sur la joue dans une circonstance facile à deviner…

On annonce que M. Hyacinthe va repartir dans le Midi où il achèvera ses vacances. Mlle Caroline Lerouge affirme même que nous ne le reverrons jamais. Il serait nommé dans un autre collège…

Est-ce que par hasard il ne m’aurait jamais aimée ? est-ce que ma dot lui aurait paru insuffisante ? est-ce que… ?

Je n’ai pas la force d’écrire davantage.

Ayez pitié de moi, je vous en supplie, mon Dieu !


12 septembre.

Je ne peux même plus douter. Mlle Caroline Lerouge avait dit vrai. M. Hyacinthe s’en va sans esprit de retour…

Je l’ai vu tout à l’heure, qui suivait une voiture de démé-