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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

Elle croit ce préambule très adroit. Elle prend même un petit air mystérieux pour que Rosalie et Jeanne soient intriguées et désirent connaître ce qu’elle va dire. Mais Jeanne lui coupe net la parole :

— Oui, oui, mon enfant. Vous nous raconterez cela plus tard. Vous voyez que nous travaillons. Vous nous dérangez beaucoup. Montez donc dans votre chambre, puisque vous ne pouvez pas nous aider.

— Ernestine ? que contient ce récipient ? du poivre ou de la graine de moutarde pour les cataplasmes.

— Vous n’avez qu’à sentir…

Jeanne avance le nez, renifle et éternue, coup sur coup, trois fois.

— C’est du poivre ! constate Marie…

Arlette, qui a obéi, entre dans sa chambre au moment où le médecin sort de celle de Telcide. Elle l’entend, qui dit à sa malade :

— Tranquillisez-vous, ma petite. C’est un peu de langueur. Dans deux jours vous serez sur pied. Reposez-vous. Vous prendrez votre potion, bien sagement, comme je vous l’ai ordonné… N’est-ce pas ? Vous me le promettez ?…

Et il s’en va. Au seuil de la porte, il tapote la joue de Rosalie :

— Au revoir, ma petite.

Il les appelle toutes « ma petite » !

Arlette demandant si elle peut être admise à embrasser sa cousine, Rosalie lui répond :

— Notre malade s’est assoupie. Vous la verrez cet après-midi.

À deux heures, Telcide, prévenue, fait elle-même informer Arlette qu’elle l’attend. Celle-ci s’empresse de se rendre à son invitation.

Elle entre dans une chambre noire. On a fait la demi-obscurité, car la lumière est, paraît-il, fatigante. Dans un verre posé près de la pendule, une couche d’huile sur de l’eau supporte une rondelle de liège argenté et une courte mèche. C’est la veilleuse.

Telcide a revêtu sa toilette de malade. Comme elle paraît maigre dans ce lit encombré de couvertures ! Sa chevelure que, d’habitude, elle renforce, comporte