Page:Adam (Lamber) – Païenne, 1883.djvu/147

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écrit des lettres méchantes, que j’ai déchirées. Veux-tu savoir en quel état est Mélissandre ? Tour à tour fiévreuse, attendrie, révoltée, abattue, aimante, insensible.

Je fais subir de véritables tortures à ma personne morale, je malmène avec rudesse ma personne physique, la lançant, au galop de mon cheval, de longues heures, dans la poussière qui m’aveugle, sous un soleil féroce. Au milieu d’une course effrénée, tout à coup je m’arrête, et, prise d’admiration pour les magnifiques paysages qui m’entourent, je fonds en larmes.

Tu as été trop vaillant à l’heure de mon départ ; si je te savais de la faiblesse, je serais plus fortifiée que par ton beau courage. N’éprouves-tu pas, autant que moi, la douleur mortelle de la séparation ? Un amour comme le nôtre, ami, peut-il se lasser de la possession constante ?