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Page:Adam - Au pouvoir de Kadrassy (Le Disque de bronze 3) - Collection d'aventures 507 - 1926.djvu/4

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qu’à l’orient les premières lueurs de l’aube blanchissaient le ciel lorsque les indigènes rentrèrent dans leurs demeures respectives. Bergal et Ornskold les virent grimper aux échelles, enjamber le parapet des terrasses et disparaître. Ils ne savaient eux-mêmes où aller quand Tucupi les tira d’embarras.

L’Indien fit signe aux voyageurs de le suivre. Ils se laissèrent entraîner vers le bloc massif qui était la maison du personnage. Quelques instants plus tard, le Suédois, son jeune ami, Gastarac, Tenedor et Carlito se trouvaient réunis dans une chambre ornée de tentures de poils de lamas, de courges suspendues au plafond, et meublée de sièges de pierre sculptée. Les matelots étaient restés sur la terrasse, d’abord parce que la chambre de Tucupi n’eût pas suffi à contenir tant de monde, et aussi parce que Bergal ne trouvait pas mauvais d’avoir une garde permanente. Jusque-là, les Vuncas n’avaient point manifesté d’hostilité ouverte, mais certains froncements de sourcils que le jeune homme avait surpris dans le caveau pendant la cérémonie ne lui annonçaient rien de bon.

Mais les craintes d’André étaient vaines. La nuit s’acheva dans le silence et l’absolue tranquillité. Le soleil était déjà haut quand les rumeurs parvinrent aux oreilles des voyageurs. Tucupi, qui depuis un moment était réveillé, fit signe à ses hôtes de monter sur la terrasse.

La rue du village était noire de Vuncas. Les indigènes se désignaient mutuellement la maison de Tucupi. Dès qu’ils virent paraître ce dernier, ils l’appelèrent et lui enjoignirent de descendre.

L’Indien obéit. Bergal, Ornskold et les autres, devinant qu’un échange d’explications allait avoir lieu entre le rescapé et ses compatriotes, descendirent également. Les Vuncas gloussèrent de satisfaction.

Bergal remarqua qu’ils étaient sans armes, et il en éprouva comme un soulagement. De sombres pressentiments dont il ne pouvait se défendre l’aissaillaient depuis son réveil.

— Que veulent tous ces gens à Tucupi ? demanda Ornskold à Carlito.

L’aventurier indiqua d’un geste qu’il l’ignorait, mais qu’il croyait avoir entendu dire qu’on se rendait au cirque.

En effet, tout ce que le village comptait d’hommes, de femmes et d’enfants s’acheminait vers un plateau qui dominait les maisons de plusieurs centaines de pieds. Pour accéder à ce plateau, un plan incliné avait été creusé à même le roc. L’ascension dura près d’une demi-heure.

Là-haut, les voyageurs découvrirent un cirque assez semblable à celui que les Romains édifiaient dans toute ville de quelque importance. Sur les gradins superposés, les Vuncas s’assirent. Ils invitèrent les étrangers à faire de même et crièrent à Tucupi de rester debout au centre de l’arène.

Un grand silence se fit quand il n’y eut plus personne à caser. Tucupi, qui savait sans doute ce que cela voulait dire, commença à parler. Bien que Bergal, Ornskold et leurs amis ne comprissent point le dialecte vunca, ils devinaient que Tucupi narrait ses aventures. Et, en effet, l’Indien entretenait ses compatriotes de l’odyssée qui avait été la sienne.

— Vous vous souvenez, leur disait-il, de ma disparition et de celle du grand man Tounicamane. C’était au cours