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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/109

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

notre esprit en faveur de la volupté. Car Ta Majesté n’était point assez habile pour commander à la fougue des vices qui surent étouffer ta gnose. Ton Autocratie n’était point assez habile pour tenir la balance en équilibre sous le poids de tes plaisirs et sous le poids de tes sagesses. Tu n’ignores plus depuis longtemps cette vérité. Tu ne m’as pas trahi avec Léon. Tu m’as trahi avec tes instincts. Au reste tu sentis bien que l’énergie de ta pensée allait fléchissant toujours, à mesure que tu consacrais mieux ton attention aux plaisirs. L’attente et l’espoir de ces voluptés, le souvenir de leurs joies, cela chassait de ton cerveau toutes les méditations. Depuis que ton époux t’a délaissée, après la mort de Théophane, comme tu n’osais plus, sans lui, t’abandonner aux désirs de la chair, de peur qu’il te fît tondre et cloîtrer…, depuis, le regret de ces heures te ronge. Tes yeux se sont enfoncés dans leurs noires orbites. Ta chair s’est collée sur tes os. Et tu n’as plus manifesté d’indulgence à l’égard de tes serviteurs, de ton fils même, celui qui sera ton maître avant cinq ou six ans, lorsque les légions réclameront un mâle pour chef. Crains donc le César Nicéphore, et d’autres Nicéphores aussi. À partir de cette heure, tu n’avanceras plus que parmi les embûches de tes ennemis, qu’entre les glaives cachés des conspirateurs, que sous l’injure des pamphlets appris par la populace triviale et gaie. Toutes les factions se lèvent déjà pour dire à Nicéphore de couronner l’hoir, et pour lui mettre aux mains le sceptre et l’épée d’un