vent les manières de Léon le Khazar, et les gestes de leurs ivresses lascives. Ce prince était né de leurs embrassements, de leurs fougueuses débauches. À l’instant où l’oiseau favori insinuait son bec dans la bouche de son ami comme dans une figue ouverte, Irène se voyait, ainsi qu’au miroir, en ses minutes de pâmoison, tant lui ressemblait alors l’enfant de la volupté. À l’ordinaire, il était l’image de son aïeul, bruyant, crédule et brutal. Il entraînait ses précepteurs dans les écuries des cataphractaires, pour admirer indéfiniment les lignes des beaux coursiers. Tous les matins, il se réveillait afin de suivre, solidement assujetti entre les bosses d’un chameau persan, les évolutions de la cavalerie par le champ de manœuvres. Et il rentrait joyeux, chantant à tue-tête des psaumes de victoire. Aussi les soldats iconoclastes le vantaient, le chérissaient comme la descendance de l’Isaurien. Ils élevaient, pour lui, dans leurs casernes, des singes amusants ; ils doraient des grains de maïs réservés à la nourriture du paon.
Les gens du Palais mirent en lui leurs espoirs. Les fauteurs de compétitions persuadèrent mal les troupes. L’opinion s’établit qu’on pouvait bien tolérer, quelque cinq ou six ans, la régence d’Irène et le gouvernement de philosophes éprouvés dans les disputes qui avaient glorieusement illustré l’École du Palais, à tel point que Karl le Franc voulait, au dire des voyageurs, instituer la même en sa cour d’Aix-la-Chapelle. Dans six ans au plus, Constantin règne-