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IRÈNE ET LES EUNUQUES

pager, parmi les thèmes militaires, la nouvelle et fructueuse hérésie. Les Juifs et les Arméniens en profitèrent, acquirent des soldats le butin religieux.

Lorsque, dans la salle des XIX Lits, Léon proclama l’abolition des images, les officiers l’acclamèrent. Plus tard même, les troupes surexcitées faillirent étrangler, en sa villa, le patriarche Germain qui refusait la sanction liturgique.

Les citoyens comprirent l’enfantillage d’une révolte à l’encontre de la multitude armée. Ils se résignèrent ou simulèrent la résignation. Mais les femmes ne l’entendirent pas ainsi. Avec une ferveur remarquable, elles secondèrent les revendications des moines. Amoureuses passionnées du luxe des églises, ayant au cœur la reconnaissance de maint ex-voto, on les vit s’ameuter autour des bassins, et s’agiter dans leurs voiles jaunes, bleus, pourpres, en appelant la colère du Théos sur les sacrilèges.

L’histoire de cette hérésie est toute de rivalité entre les soldats et les femmes : les uns cupides et soucieux de garder ce droit d’accroître le salaire des victoires ; les autres éprises des luxes canoniques, habituées au sourire douloureux du Iésous tordant sa beauté messiaque sur la croix, habituées au regard de la Panagia compatissante et douce, prête à ennoblir, de ses consolations, les plus intimes confidences. Elles n’eussent voulu perdre l’amour immédiat du Christ, de ses compagnons les saints, formes mystiques et chastes où s’incarnait le besoin perpétuel de tendresse, de