la corrompre par des cadeaux. Sa colère de mâle s’exaspérait.
Le drongaire Alexis, précepteur et confident, profita de cette passion délirante. Il représenta que les eunuques et Irène détenaient indûment le trésor impérial, qu’ils le dérobaient au juste contrôle du souverain, qu’eux-mêmes en profitaient pour leurs vices. Irène comblait ses religieuses aux mœurs de Gomorrhe. Pharès achetait des poudres rares et des pierres qu’il faisait dissoudre dans son athanor. Eutychès entassait des richesses dans les caves de l’Arsenal. Staurakios soudoyait des partisans. Aussi ne restait-il plus d’argent pour entretenir des troupes suffisantes en Sicile, ni mener campagne contre les redoutables armées des Francs. À l’empereur il appartenait de sauver Byzance, de mettre ordre à ces dilapidations, de régner enfin.
Alexis n’eut aucune peine à persuader son élève. Il recrutait prudemment, parmi leurs familiers, des hommes d’importance prêts à le servir ; et il invitait à ses festins nombre d’officiers autrefois iconoclastes, avec des courtisanes accortes qui servaient d’appeaux.
Eutychès ne tarda pas à découvrir que Pierre, Maître des Offices, et Théodore Camulianos, patrice, méditaient de surprendre les eunuques, de les charger de fers, de les reléguer, avec Irène, en Sicile.
Théodore et Pierre avaient un autre complice, Damianos, cocher illustre à l’Hippodrome. Un dimanche, comme celui-ci figurait dans une course, les événements se déterminèrent.