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IRÈNE ET LES EUNUQUES

parfois rebondit dans les voûtes comme si les bêtes des mosaïques incrustées là-haut voulaient répondre.

Alors la jeune fille, elle, ne put contenir des plaintes :

— Oh ! nos jardins, et les pommes d’or des vergers… Mais pourquoi ? Pourquoi le feu aux églises saintes et aux délices des jardins ; pourquoi ?

— Afin que le peuple de Byzance, craignant la ruine de la ville, ne résiste plus aux cohortes d’Alexis. Ah, Constantin, ta présomption s’est détournée des paroles de la Mère, et des paroles de l’Épouse ! Et voilà…

Son doigt désignait l’incendie.

— Toutes les nuits,… avoua la suivante,… je l’entends crier dans ses appartements contre Pharès et les dignitaires… Il dit qu’on veut l’empoisonner… Notre très pieuse Irène va-t-elle lui faire ouvrir les portes, enfin ?

— Je l’en supplie depuis tant de jours… Mais il aurait rejoint les rebelles ; et c’était, plus tôt, la fin de Byzance…

Au dehors, vers la droite, Byzance étale les terrasses de ses maisons, la forêt des mâtures au port, les colonnes élevant des saints de bronze debout sur les animaux symboliques. À l’horizon, la ville s’élargit, blanche et rousse, emplie des frondaisons de ses parcs, parée de ses coupoles assises, par quatre, par cinq, au faîte des églises. Plus près, des lauriers et des orangers arrondis, des ifs taillés en forme de coq ou de dragon, maints buissons de fleurs éclatantes