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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/26

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

reuses conquêtes, la suprématie de sa race. En Occident, elle semblait maîtresse comme prétendait l’être l’Empire Romain en Orient ; car on affichait toujours ce titre officiel. Habilement, on essaya d’obtenir, pour Léon, la main de Gisèle, fille du Franc. On fit ressortir comme cette union tiendrait l’Europe assujettie entre deux puissances formidables, l’une effective, l’autre ayant encore le signe respecté d’un très haut pouvoir moral. Une loi unique se fut imposée sans doute au vieux monde abolissant pour jamais les luttes de ses peuples mêlés, tournant leurs efforts vers l’œuvre de la civilisation chrétienne. Pour dot, Pépin eût repris au pape, et restitué à l’empire, tout l’exarchat de Ravenne.

Il n’en fut rien. L’an 766, le concile de Gentilly ayant condamné l’hérésie grecque, l’orthodoxie occidentale repoussa l’idée d’épousailles politiques.

Le châtiment de l’iniquité iconoclaste se perpétuait, l’isolait parmi les races chrétiennes.

Constantin V jugea qu’il ne fallait point retarder davantage les noces de son fils. Dédaignant toute autre alliance politique, il afficha partout son désir de ne point vouloir sacrifier le bonheur de Léon à des vues ambitieuses : il déclara ne lui choisir que la fille la plus belle et la plus spirituelle d’entre les Grecques.

Athènes gardait encore sa renommée antique pour la finesse intellectuelle des esprits, pour la beauté statuaire des vierges pareilles aux Dianes et aux Pallas de ses