s’émut, s’éplora, s’indigna. La puissante corporation des foulons, fidèle à l’impératrice, organisa les funérailles de ces infortunés. Des milliers de faméliques y assistèrent, en faisant retentir l’air de leurs lamentations, de leurs menaces mêmes. Et il advint qu’une cohorte d’Arméniaques ayant allumé un grand feu sur une place publique, pour se réchauffer, avant la manœuvre, le vent se leva soudain, coucha les flammes du bivouac vers les chariots de fourrage qui brûlèrent incontinent, avec deux ou trois baraques de taverniers. L’incendie se propagea, gagnant des tentes, des guérites, des voitures, les litières des écuries provisoires, les boutiques de bois, les maisons voisines d’où s’échappèrent les habitants affolés, furieux, ruinés en un instant. Au lieu de porter secours, ces Arméniaques s’occupèrent de sauver leurs chevaux et les chassèrent promptement hors de la ville. Les fumées, les étincelles, les tourbillons de pourpre et d’or se développèrent à l’aise sur les quartiers riches entourant le Palais du Patriarche. Les solives tombaient sur les fugitifs. Les toits s’effondraient à grand fracas. Partout des brasiers naquirent, s’activèrent, consumant les boiseries et les meubles, rôtissant les mules dans les étables, tordant et carbonisant les retardataires pris sous l’écroulement des façades. L’une après l’autre les poutres des maisons fumaient, puis rougissaient sous une lèpre d’étincelles devenues bientôt flamboyantes et dévoratrices.
En vain, les processions accoururent des églises,