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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/296

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Pharès reçut de leurs gardiens Alexis, Pierre, Damianos, aux yeux troués.

— Saisis le pan de ma dalmatique, Drongaire. Par ici, Préfet de la Ville, que Ta Vigilance prenne garde : elle va heurter la colonne. Appuie sur ta dextre, Alexis… Tu vas trébucher contre le rebord de la marche. Et toi, Damianos, tourne aussi la borne… C’est moins facile à présent qu’au temps où tu menais ton char dans l’Hippodrome sur les roues brûlantes… Ne lâchez pas les bouts de vos dalmatiques, nous arrivons. Là, notre maître offrira de ses friandises à ses serviteurs les plus chers.

— Le Théos seul nous aime… protesta Pierre, dévot.

— On ne peut pas dire cependant…, constatait Pharès… que le Théos vous encouragea, petits pères… Ça, on ne peut pas le dire.

Alexis espérait et menaçait toujours :

— Sa droite peut encore briller pour nous…

— Si elle brille, gros pigeon,… déduisit le logothète du Trésor privé,… avoue que tu ne pourras le savoir, puisque tu n’y vois plus… Salue les nobilissimes, ici présents, nos oncles sans langue…

Alors Damianos s’écria :

— Ô muets, ne verrez-vous pas, au lieu de nous, le jour de vengeance !

Alexis affirma solennellement :

— Les muets le verront pour nous…

Les muets approuvèrent de la tête. Nicéphore de Séleucie se plaça non loin d’eux, en observant :