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IRÈNE ET LES EUNUQUES

La cohue le hua.

Le cortège approchait. Il descendit les marches vertes de l’escalier. Déjà tout ivre de gaîté, malgré les splendeurs de la chappe et des ornements impériaux, l’autocrator parle aux dignitaires à genoux :

— Je vous salue, Nobilissimes… Bons oncles… vous persuadiez les légions arméniennes contre la chrétienté. Votre éloquence a, paraît-il, usé vos langues jusqu’à la racine… Que le Christ les fasse repousser… Nobilissimes… les fasse repousser, vos langues comme je vous pardonne en partageant mon pain avec vous.

Ayant pris les gâteaux d’anis sur un plat d’or tendu par les chambellans il les distribue. Mais à mesure que les dignitaires y mordent leurs visages sont secoués nerveusement, à cause d’un excès de poivre dans la pâte.

— Alexis, admire la clémence du Sauveur qui voulut que tu perdisses les yeux à temps, afin de ne pas voir les conséquences de ta défaite.

Il leur donne les gâteaux.

— Quelle maladie agite les aveugles ?… se demande l’assistance.

— Ils éternuent tous.

— L’Empereur a fait sans doute augmenter la dose d’épices.

— Pour se moquer de leurs figures…

Et les éternuements répétés d’Alexis font éclater de rire les étrangers admis à la fête.

— Souffle, stratège !… ordonne très haut une jolie