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IRÈNE ET LES EUNUQUES

du Palais. Le rigorisme soudain de l’empereur les sépara brusquement de leurs auxiliaires les plus adroits, mécontenta la clientèle des dignitaires déshonorés, et menaça chacun dans sa place. Une conspiration grave était à craindre. Irène circonvint Marie d’Arménie pour qu’elle ne retardât plus l’aveu public dont l’infortunée, chaque jour, suppliait qu’on éloignât la date. Théodote exposait, du matin au soir, à tout venant, l’ingratitude souveraine. L’héritier du trône qu’elle portait dans ses flancs ne serait donc pas légitime ? À quels désastres prochains, l’empereur vouait Byzance ! Et elle adoptait le langage des prophètes, entrevoyant les ruines et les cataclysmes des Babylones impénitentes. Cela redoublait la fureur de Constantin à qui l’on ne manquait pas de rapporter le propos.

Lors, il fit prévenir Tarasios que, revenant à la foi de son père, il allait prononcer une palinodie solennelle, décréter de nouveau l’abolition des images, et condamner aux supplices les principaux orthodoxes. Le Théos détestait les idoles puisque, depuis leur restauration, les armées grecques ne connaissaient plus la victoire. À l’ouïr, le vieux parti militaire s’agita, recruta les mécontents, les déçus. Ce devint périlleux. Pourtant, au dehors, le peuple blâmait le Basileus. Les aveugles et les muets furent applaudis obstinément chaque fois qu’ils parurent dans les rues, par manière d’opposition. Jean Bythométrès pensa que c’était l’heure d’immoler la victime. Une plus longue