— Un enfant !… excuse, maternelle, une vieille à bâton.
— Il faut lui laisser le temps de s’assagir au glorieux.
— Il faut laisser le temps au petit basileus…, répètent des voix.
— Quand il aura fini avec la jeunesse… alors…
— D’abord il a battu les Sarrasins, il a triomphé des Bulgares… Ça ne vous arrive pas souvent de battre vos ennemis !… raille un Teuton insolent.
— Tu as vaincu quelqu’un, toi ?… jette une gamine gouailleuse à Nicéphore.
Le ministre secoue humblement la tête.
— Moi, je suis un pauvre homme, un serviteur du palais. Je ne prétends à rien, et je n’ai vaincu personne.
— Alors, ne blâme pas notre Constantin !
— Il y a trois ans, quand il divorça…, rappelle le logothète,… vous ne le jugiez pas aussi favorablement.
Dans sa robe de forêts et de cerfs peints, une courtisane hausse les épaules.
— L’Arménienne est une sainte, mais le mariage ne lui convient pas. Elle quitta Constantin d’elle-même pour se fiancer au Théos…
— Ah ! tu crois ça maintenant,… sourit Nicéphore.
— N’insulte pas celui que les bourreaux torturent, à cette heure…
Très sage, le ministre descend de la borne.
— Je n’insulte personne. Je suis un pauvre homme, un serviteur loyal, une oreille pour entendre.