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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/404

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

phore se carre en son costume magnifique, sous l’écorce d’or et d’émaux.

L’insolence d’Aétios se déchaîne.

— Je dirai tout, aveugles ; oyez donc ! Celui-ci, mon collègue et logothète du Drome, s’il voulut faire aveugler l’Autocrator, c’était afin que la race de Karl ne trouvât plus de rivale dans la race glorieuse de l’Isaurien, race à cette heure tarie comme le sang écoulé qui sèche derrière ce mur, sur les dalles…

Un grondement de réprobation s’élève autour du malade qui hausse les épaules. Aétios veut assouvir, par le mensonge, une haine longtemps dissimulée. Il poursuit :

— Car le Franc réclamait ce gage de fiançailles.

— Immonde !… profèrent tous les assistants qui se précipitent autour de la colonne cachant la honte du ministre. Il vagit :

— Je n’ai pas commandé l’aveuglement de Constantin. Dis-leur, Pharès.

— Je dirai la vérité simple,… émet péniblement Pharès.

— Écoutez-le. Il a tout vu,… assure, entre des hoquets, le logothète du Drome.

Et Pharès, à voix sourde, commence :

— Quand l’Autocrator fut amené ce matin ici, on discuta jusqu’à deux heures après midi…

Aétios lui coupe la parole.

— Rien ne fut décidé. On inclinait à la relégation