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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/413

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

en ce lieu… dit tout à coup Nicéphore qui se souvient des devoirs de sa charge.

Espérant les exposer aux fureurs de la sédition, Damianos conseille de ne point les avertir. Plus sage, Nicéphore craint qu’un muletier les ayant prévenus, les eunuques ne le soupçonnent, et que lui-même ne perde ainsi ce qu’il a gagné d’indifférence à son égard :

— Jusqu’à présent, ils se méfient peu de ma personne…

— Je ne pourrais pas, moi, dissimuler de la sorte… déclare Damianos, avec dégoût !

Du silence pèse entre ces hommes qui réfléchissent dans l’octogone, à l’ombre de la tour. Deux pendus crispés se balancent minuscules contre le ciel blême aux deux bras du T érigé sur le faîte suprême. Bientôt un esclave d’Irène vient prier chacun de quitter la cour. Et ils retournent sur la place de l’Augustéon maintenant pleine de caloyers noirs. L’un parle :

— Notre sainte Marie d’Arménie m’ordonne de venir ici pour laver le visage de l’Autocrator Constantin, fils de Léon.

— Tu arrives au terme de ta course… dit Alexis, surpris.

— L’Autocrator souffre dans le palais de Porphyre.

— Je doute qu’on te laisse entrer cependant… dissuade Pierre.

Refoulé, gardé par les candidats, le peuple engorge toujours les ruelles voisines, se tasse sur le parvis de la Sainte Sagesse et gronde. Mille têtes hâves, furieuses