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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Une négresse s’emparait de ses mains qu’elle caressait par l’entremise d’un onguent mousseux et doux. Irène se répétait : « Ce Léon d’Isaurie, ce fils des pirates, serait-il véritablement un maître, le maître de mon corps et de mon esprit… Un maître pour subjuguer la force même de ma science ! Le Paraclet permettra-t-il que je supporte cet affront du matin. »

Sa colère ne fut point calmée par un ordre de l’Empereur qui la manda dans ses appartements. Elle ne l’avait encore vu que parmi les apparats de la souveraineté, et sous le costume de stratège qu’il portait souvent, à l’exemple de son père, afin de flatter le parti des soldats. Une seule heure, le matin des noces, avant que les cortèges l’eussent emmenée vers la Magnaure, Irène l’avait connu familier et affable, sans cuirasse gravée, ni bottines de pourpre, mais en simple tunique de lin bis, et les pieds nus mal attachés à des sandales de feutre. Il lui avait offert un collier de grands émaux représentant les villes de l’empire avec leurs écussons, leurs devises, et leurs animaux symboliques.

Quand Pharès, eunuque cubiculaire, l’eut introduite dans le logis de l’Autocrator, elle le retrouva tel. Aussitôt il la fit asseoir à côté de lui dans une chaire de marbre noire et sculptée de telle manière qu’elle semblait soutenue par deux taureaux. Devant eux, sur une longue table massive, des rouleaux de parchemins et de papyrus étaient plantés debout en de courts cylindres métalliques qui portaient, chacun, le nom